Les API de réseau ont une fois encore constitué un thème essentiel de l’édition 2025 du MWC de Barcelone alors que les opérateurs du monde entier s’efforcent de générer des profits en proposant aux entreprises et aux développeurs un accès aux interfaces.

Orange est un des opérateurs les plus engagés dans la démarche et un membre fondateur d’Aduna, le « supergroupe » entièrement focalisé sur les API.

L’opérateur français a formé une unité indépendante dédiée à la mise sur le marché des API de réseau.

Lors d’une conférence de presse organisée au MWC, Otilia Anton, directrice de la branche Orange LiveNet et des activités liées aux API de réseau, et Laurent Leboucher, CTO et EVP innovation réseaux, ont présenté leurs ambitions et leur stratégie pour saisir l’opportunité présentée par les API.

Laurent Leboucher a d’abord souligné qu’un premier jeu d’API est déjà disponible en France et en Espagne, d’autres pays européens devant suivre « très prochainement ». « Nous avons commencé avec les API faciles à présenter car elle ne demandent guère d’investissement du côté réseau », a-t-il précisé.

Les premiers cas d’utilisation tournent autour des applications liées à l’identité et à la connaissance du client dite KYC (know your customer).

« Cette année, nous allons présenter des API plus centrées réseau – géolocalisation, densité du réseau et aussi quality on demand », a ajouté Laurent Leboucher.

Otilia Anton a expliqué pour sa part qu’étendre la diffusion dans d’autres pays comme la Belgique et la Pologne est « très important, car on est en passe d’atteindre une masse critique ».

Elle a noté que le travail accompli avec Aduna a « aidé à identifier des réponses de niveau commercial à des types de problèmes qui n’ont pas été correctement traité par le passé, quand chaque opérateur avait sa propre approche ».

Orange a été également un des premiers contributeurs du projet CAMARA et de l’initiative de la GSMA Open Gateway, dans le but d’assurer que les API réseau émergent « d’une façon simple ».

Otilia Anton a insisté sur le fait que l’unité qu’elle dirige fait appel au savoir faire d’autres branches du groupe – B2B, vente en gros et unités d’opération indépendantes, dans le but de parvenir à « une approche end-to-end ».

L’ambition de son unité cette année sera de développer les API déjà disponibles tout en travaillant sur des expériences d’utilisateur plus avancées.

Par où commencer

Les premières API présentées tournaient autour du contrôle d’identité et de l’anti-fraude, explique Otilia Anton, « parce que c’était le premier savoir-faire dont nous disposions dans l’entreprise ». « Aujourd’hui, nous avons des options comme le KYC match ou le device swap, et nous cherchons à développer des API supplémentaires plus avancées dans ces suites », a-t-elle complété

Otilia Anton a ajouté qu’elle était « très favorable » à l’idée que des cas d’utilisation puissent tirer avantage de la 5G SA, y compris dans le domaine de la quality on demand et des capacités de localisation.

Selon elle, « certaines des API seront plus rapidement mises sur le marché car il s’agit de simples mises à jour IT ou CRM, alors que d’autres qui demandent à être connectées plus en profondeur avec les données et fonctions réseau pourraient demander un peu plus de travail ».

Afrique et Moyen-Orient

Le groupe Orange, très présent dans plusieurs pays d’Afrique et du Moyen-Orient, prévoit également un plan pour les API dans la région.

« Nous allons emprunter une approche itérative comme en Europe », a expliqué Otilia Anton, avant de préciser qu’il faudra au préalable identifier des « marchés clés puis monter en puissance à partir de là ».

Tout en soulignant les bénéfices d’un engagement auprès des développeurs et des entreprises pour identifier des opportunités spécifique, elle a ajouté encore que « dans ce secteur, nous pensons que la vérification d’identité et l’anti-fraude est un point de départ, parce que chez Orange nous disposons d’une expérience extensive avec Orange Money et les paiements par mobile ».

Orange se rapproche d’ailleurs déjà de ses pairs dans la région pour « identifier les meilleurs secteurs pour démarrer ».

Collaboration

Les deux cadres supérieurs l’ont rappelé, une partie essentielle de la capacité à rentabiliser les API de réseau est de s’engager auprès des développeurs, des entreprises, des intégrateurs de systèmes et, plus généralement, au cœur des écosystèmes des technologies et des télécommunications.

Parallèlement aux relations avec les développeurs, « nous nous adressons aux actionnaires des entreprises, aux chefs de produits, aux directeurs commerciaux et aux  CTO », a encore énuméré Otilia Anton.

« Ce qui va être également important, c’est de faire cohabiter nos API réseaux avec des API issues d’autres fournisseurs, selon les cas d’utilisation, a insisté Laurent Leboucher. Nos API ne doivent pas être isolées et nous devons également créer un « go-to-market » afin qu’elles soient présentées au bon endroit. » Il a notamment signalé le bénéfice potentiel d’une disponibilité sur des sites comme les plateformes commerciales des hyperscalers ou les plateformes SAP des spécialistes du logiciel.

Comme souvent avec des produits destinés aux entreprises, Otilia Anton a pointé du doigt l’importance d’une « approche de codéveloppement », soit directement avec lesdites entreprises ou à travers les intégrateurs.

« Orange dispose de ses propres capacités d’intégration, mais nous sommes ouverts à l’idée de travailler avec des intégrateurs comme SAP car nous sommes persuadés qu’ils peuvent jouer un rôle clé, a-t-elle conclu. Parce qu’ils ne voient pas seulement les choses à travers un unique projet de transformation numérique mais à travers des centaines, voire des milliers. Et c’est comme cela que nous pouvons distinguer les cas d’utilisation les plus prometteurs. »