Le groupe finlandais Nokia a annoncé le 15 avril son intention de racheter la totalité des parts de son concurrent de longue date Alcatel-Lucent pour un montant  estimé à 15,6 milliards d’euros.

 

L’annonce intervient après confirmation la veille par Nokia de rumeurs faisant état de discussions avancées avec l’équipementier franco-américain. Les deux groupes vont disposer ensemble de plus de 40 000 employés voués à la R&D, de quoi lutter plus efficacement contre les deux actuels leaders du marché, le suédois Ericsson et le chinois Huawei.

 

Selon l’institut Bernstein Research cité par Reuters, la nouvelle entité disposerait d’environ 35 % de parts du marché mondial des communications sans fils, ce qui la placerait devant Huawei (20 %) mais toujours derrière Ericsson (40 %).

 

Rajeev Suri, P-dg de Nokia, a indiqué que la nouvelle société associerait les équipes de R&D de Nokia et d’Alcatel-Lucent, héritière des fameux Bell Labs. « Nous allons combiner ces forces avec les activités hautement efficaces et affinées nécessaires pour être compétitifs à l’échelle mondiale. Nous disposons de technologies immensément complémentaires et d’un large éventail de solutions pour envisager l’internet des objets et la transition vers le cloud. »

 

Conséquence du rachat, la marque Alcatel-Lucent va disparaître, la nouvelle entité étant baptisée Nokia Corp et basée en Finlande. Dans le but évident d’apaiser les réticences du gouvernement français face à la vente d’un grand groupe national à un acquéreur étranger, un communiqué a insisté sur le maintien d’une « forte présence en France ». Risto Siilasmaa devrait devenir Président du conseil d’administration et Rajeev Suri P-dg.

La fusion devrait amener, en plus des économies prévues dans le plan Shift en cours, une économie annuelle de 900 millions d’euros en coûts d’opérations en 2019 et une réduction (également annuelle) d’environ 200 millions d’euros en remboursement d’intérêts en 2017.

 

Les conseils de direction des deux sociétés ont approuvé les termes de la transaction, proposée, qui devrait être conclue dans le courant du premier semestre 2016, une fois gagnées les approbations des actionnaires de Nokia et des autorités de régulation.

Rajeev Suri a indiqué que la société avait déjà mis en place un comité d’intégration, nommerait un responsable de l’intégration cette semaine et commencerait à envisager un éventail de « mesures de rationalisation », euphémisme annonciateur de suppressions d’emplois.

 

Interrogé sur le timing de la fusion, Rajeev Suri a répondu que les deux sociétés venaient de compléter une restructuration et disposaient maintenant de l’élan nécessaire pour se relancer à fond. Une autre motivation, a-t-il ajouté, est la convergence des technologies fixes et sans fils, qui laisse un petit nombre d’opérateurs purement mobiles et implique « une position forte sur le routage fixe et IP ».

 

Nokia a enfin indiqué qu’elle envisageait la vente de ses activités de cartographie (ce qui aiderait à payer l’acquisition d’Alcatel-Lucent). Une erreur et un mauvais service à rendre aux actionnaires, selon Richard Windsor, analyste et bloggeur de Radio Free Mobile, qui estime que la plate-forme de cartographie de Nokia est l’une des deux seules crédibles et le « seul choix indépendant » face à Google. Alors que les accords passés avec Google Maps expirent, Richard Windsor y voit l’opportunité pour Nokia d’étendre ses parts de marché et de vendre à un bien meilleur prix.