Le pdg d’Ericsson Borje Ekholm ajoute son nom à celui d’autres grands du secteur tech en bas d’une lettre critiquant la nouvelle réglementation de l’Union européenne sur l’IA et la protection des données privés. Les cosignataires du courrier mettent en garde contre une approche fragmentée du dossier susceptible de freiner le développement économique et technologique du bloc.

Plus de 40 grands patrons de l’industrie et de la recherche – dont Borje Ekholm, Mark Zuckerberg (Meta Platforms) et Daniel Ek (Spotify) – ont signé la lettre qui regrette que l’Europe soit « devenue moins concurrentielle et moins innovante comparée à d’autres régions » à cause de « prises de décision inconsistantes sur la régulation ».

Les signataires se plaignent en outre des interventions des autorités chargées de la protection des données privées, qui font planer des incertitudes sur le type d’éléments utilisables pour entraîner les modèles.

« Cela signifie que la prochaine génération de modèles d’IA en open-source, ainsi que les produits et services qui s’appuieront sur eux, ne vont pas comprendre ou refléter le savoir, la culture ou les langages européens », affirme le courrier, qui avertit que le continent va manquer des innovations comme l’assistant IA de Meta dont le déploiement en Europe est retardé à la suite de problèmes précisément liés à la protection des données privées.

La Législation sur l’IA, réglementation phare de l’UE, est officiellement entrée en vigueur le mois dernier. Elle oblige les intervenants du secteur à se conformer à des exigences de transparence, à publier des comptes rendus détaillés sur les éléments de contenu utilisés pour l’entraînement des modèles d’IA et à conduire des tests de sécurité avant de lancer des produits.

Le manque de clarté et d’harmonisation fustigé par les signataires dans la réglementation régissant le développement et le déploiement de l’IA empêcherait l’UE de récolter les bénéfices associés aux modèles multimodaux et en open-source, décrits comme « les deux pierres angulaires de l’innovation » dans le domaine.

Cette année, Meta Platforms avait annoncé que Llama, son modèle de langage en open-source, ne serait pas disponible dans l’UE, officiellement à cause des obstacles dressés par la régulation européenne.

La lettre soutient en outre que le manque d’accessibilité à des modèles de pointecomme Llama va priver « les Européens d’avancées technologiques dont profitent les Etats-Unis, la Chine et l’Inde », alors que la technologie a fait progresser la recherche dans diverses industries.

« Les régulateurs de l’UE peuvent choisir de réaffirmer les principes d’harmonisation inscrits au cœur de textes cadres comme le RGPD (Règlement général sur la protection des données NDLR) de façon à ce que l’innovation en matière d’IA puisse se développer ici à la même échelle et au même rythme qu’ailleurs. Ou bien ils peuvent continuer à rejeter le progrès, à trahir les ambitions du marché unique et à regarder le reste du monde profiter de technologies auxquelles les Européens n’auront pas accès », assènent pour finir les signataires de la lettre.