Gervais Pellissier, directeur général délégué d’Orange en charge des opérations en Europe, est formel : au vu de la fragmentation du marché du mobile et du grand nombre d’opérateurs, il reste des opportunités de fusions-acquisitions majeures sur le Vieux Continent.
S’exprimant à Londres dans le cadre du grand événement annuel d’Orange, Gervais Pellissier estime qu’un marché partagé entre environ 80 opérateurs, coiffés par 40 à 45 groupes, n’est pas viable à long terme, surtout comparé aux marchés américains et asiatiques où la concurrence est bien plus concentrée.
Sans spécifiquement préciser les ambitions de son propre groupe en matière de consolidation en Europe, M.Pellissier a suggéré que les plus gros opérateurs du continent – Vodafone, Deutsche Telekom et Orange – devraient de fait avoir un rôle à jouer.
M.Pellissier a cependant prévenu que toute opération nécessiterait au préalable une directive plus claire de la Commission Européenne, y compris un cadre bien précis unifiant les règles sur des sujets comme la large bande et le spectre.
Le responsable des opérations en Europe s’est montré en revanche moins confiant sur le potentiel de consolidation au sein même des différents pays, au vu du durcissement par les instances de régulation nationales et européennes des règles sur les fusions potentiellement à même d’impacter la concurrence.
Orange a ainsi vu cette année échouer sa tentative d’acquisition de Bouygues sur le marché français, et M.Pellissier n’a donné aucune indication sur le fait que son groupe reviendrait à la charge sur ce terrain.
M.Pellissier a cité d’autres exemples de difficultés semblables rencontrées en Europe, comme la fusion bloquée entre 3 UK et O2 au Royaume-Uni, ou la fusion entre 3 Italia et Wind, accordée uniquement en contrepartie de l’entrée sur le marché italien d’un quatrième opérateur.
La convergence est la clé
A propos des ambitions d’Orange sur le continent, Gervais Pellissier a insisté dans sa présentation sur la convergence, le groupe poussant ses offres groupées sur tous les marchés où il est présent.
M.Pellissier a précisé que dix millions de ses clients profitaient désormais de services convergents (c’est-à-dire d’une offre combinant services fixes et mobiles), soit une augmentation de 11 % d’une année sur l’autre, ce qui fait d’Orange « le premier opérateur européen en matière de convergence fibre et 4G ».
Les deux tiers de cette base seraient des clients migrant vers de nouveaux contrats, le reste provenant d’acquisitions sur les marchés mobiles et fixes.
Orange a de fait musclé considérablement son offre convergente, par exemple avec l’acquisition l’an passé de l’opérateur large bande espagnol Jazztel pour 3,4 milliards d’euros.
Revenant sur la consolidation, M.Pellissier a estimé que le mouvement en faveur de la convergence vient de l’écosystème, et pas seulement des opérateurs, au bénéfice croissant du mobile. M.Pellissier a donné comme exemple de cette tendance les opérations de fusion-acquisition de Liberty Global avec des opérateurs mobiles en Belgique et aux Pays-Bas. « Jusqu’à récemment, les câblo-opérateurs ne voyaient dans le mobile qu’une simple marchandise, pas très intéressante, a conclu M.Pellissier. Aujourd’hui, cela a changé. »
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